Avec Le Parricide et les Nouvelles fantastiques sénégalaises, deux œuvres parues en 2005 chez l’Harmattan, Bathie Ngoye Thiam, architecte de formation, a fait son entrée dans le cénacle de la littérature sénégalaise. Dans cet entretien, ce Sénégalais de la diaspora, attaché à la terre natale, revient sur ses Nouvelles fantastiques sénégalaises ainsi que sur sa carrière artistique et ses projets..
Vous avez signé une œuvre intitulée « Nouvelles fantastiques sénégalaises » aux éditions L’Harmattan. En quoi vos histoires sont-elles fantastiques ?
(Rire) Ceux qui les ont lues me disent qu’elles sont fantastiques. Peut-il en être autrement pour des histoires de « deumes », de djinns et de « rabs » ? (Rire) Par contre, ma mère qui ne sait pas lire n’a pas l’air de les apprécier. Quand elle en a entendu parler, elle m’a dit : « Comment peux-tu écrire un livre sur des « deumes » ? Personne ne fait cela. Tu peux écrire sur les problèmes de société et tout ce que tu veux, mais laisse les « deumes » tranquilles et que Dieu nous protège d’eux ! » Pour répondre sérieusement à votre question, j’avais mis comme titre « Leuk Dawour Mbaye », puis mon éditeur m’a conseillé « Nouvelles fantastiques sénégalaises ».
Avez-vous vécu une de ces histoires ?
Oui. La nouvelle « Bikira » est une histoire vraie. Les enfants de mon cousin Cheikh Bamba Dioum (Khadim) se souviendront sans doute longtemps encore de notre « ami djinn ». (Rires) Je n’en dirai pas plus… Il y a aussi « Les Moldes », un tour que m’avait joué une amie et que j’ai ainsi transformé en « nouvelle fantastique ». Les autres nouvelles sont inspirées de toutes ces effrayantes et fascinantes histoires que j’entendais quand j’étais petit.
Quels messages voulez-vous faire passer ?
Je n’ai pas la prétention de faire passer des messages. Mon écriture est surtout ludique, même si elle est triste parfois. Il m’arrive souvent de m’arrêter au milieu d’une phrase pour éclater de rire. Je joue aussi avec le lecteur, le poussant vers de fausses pistes, l’interpellant, le surprenant. En fait, je me raconte des histoires que j’ai envie de partager avec le lecteur. Je dois quand même dire que je pensais aux jeunes d’aujourd’hui à qui je voulais raconter ces histoires qui ont marqué des générations de Sénégalais. C’est une partie de notre culture qu’il faut sauvegarder, ne serait-ce que pour en rire. Je m’en suis servi aussi comme prétexte pour aborder d’autres sujets plus proches de notre quotidien.
Vous concluez votre ouvrage en en appelant presque à une meilleure considération de l’ « occultisme qui rythme encore notre mode de vie »…
Là, on serait tenté de parler de message, mais je n’ai fait que dire ce que j’en pense et poser les questions que cela suscite. Libre à chacun d’interpréter comme il veut.
Avec beaucoup d’humour, vous assénez qu’« avec nos rabs, deumes et autres, le Sénégal pourrait devenir une super puissance » et allez même jusqu’à proposer un ministère de la Sorcellerie. Pourtant vous dites avoir chercher à rencontrer en vain l’une de ces créatures. N’est-ce pas illusoire ?
Cette conclusion est une contribution que j’avais écrite en octobre 2003 et publiée dans « Le Soleil » et « Wal Fadjri ». Je me demandais : « Si tout cela existe, pourquoi ne pas nous en servir pour développer notre pays ? » Nous avons un nombre hallucinant de ministères qui ne nous aident pas à décoller. Pourquoi ne pas en rajouter celui de la Sorcellerie ? Un de plus ou de moins, vous savez… Non, je rigole. Mais quand on voit tout l’argent que les sportifs, lutteurs et footballeurs en particulier, dépensent pour des « Khondiomes », on peut douter du pouvoir des féticheurs car on n’a pas encore vu la coupe du monde de foot au Sénégal. Et je suis persuadé que si le féticheur lui-même se bardait de tous ses grigris pour défier Yékini, sa défaite serait plus probable que sa victoire.
Vous rapportez des histoires qui révèlent des aspects de certaines traditions sociales tel que le système de castes. Assimilez-vous ce système à une bombe à retardement ou serait-ce un héritage à préserver ?
Je ne le vois sûrement pas comme un héritage à conserver, mais je ne crois pas que ce soit une bombe à retardement vu qu’il est condamné à disparaître avec le temps. Une de mes amies disait : « Les castes ne sont là que pour empêcher ceux qui s’aiment de se marier. » Dans ma nouvelle « La vraie deume », Aïda et Gora s’aiment depuis leur tendre enfance, mais les parents s’opposent au mariage parce que ces deux musulmans de même race, même pays et même ethnie ne sont pas de la même caste. Je me demande si ce n’est pas un péché. En tout cas, beaucoup de cœurs en sont meurtris, comme je l’ai écrit dans une de mes contributions : « La vraie noblesse est dans le cœur. »
Vous rendez un vibrant hommage à certains enseignants et à la noblesse du métier. Est-ce une façon de vous révolter contre l’instauration de la vacation et du volontariat et de la baisse généralisée du niveau des apprenants ?
C’est dans la nouvelle « Le village des deumes ». J’ai beaucoup d’estime et d’admiration pour les enseignants. J’en ai connu qui m’ont marqué et que je cite dans mes ouvrages. Aussi, la plupart de mes amis sont instituteurs ou l’ont été. Il y a encore de bons enseignants, mais comme je l’ai écrit quelque part, « l’enseignant qui arrive en classe en se demandant comment payer son loyer aura du mal à motiver ses élèves. » Ces temps-ci, ceux du secondaire menacent de se mettre en grève pour obtenir les mêmes indemnités de logement que certains de leurs collègues fonctionnaires qui ont le même niveau de qualification. Ils ont raison… Revaloriser le métier d’enseignant, c’est promettre un avenir radieux à la Nation.
Vous avez publié deux ouvrages. Quels sont vos ambitions littéraires ?
Oui, j’ai publié en 2005 un roman (Le Parricide) et mes « Nouvelles fantastiques sénégalaises » aux éditions l’Harmattan. Ambitions ? Euh… Je ne sais pas… Sans doute continuer à écrire… J’écris depuis mon enfance et espère le faire jusqu’à la fin de mes jours.
Quel a été l’accueil de ces deux ouvrages ?
Jusqu’ici, je n’ai eu que de bonnes réactions, mais ce n’est pas facile de faire la promotion de deux livres sortis en même temps. J’avais tout de même fait parvenir des exemplaires à un certain nombre de journaux sénégalais, mais très peu ont trouvé utile d’en parler. Pourquoi ? Je n’en sais rien. En tout cas les lecteurs semblent apprécier, et c’est l’essentiel.
Pourquoi ne les avoir pas publiés au Sénégal et par quel canal se fait la distribution ?
Sans me sentir chauvin, je tenais à publier au Sénégal car je me disais : « Comment voulons-nous que notre édition marche si nous publions tous à l’étranger ? » Mais d’un autre côté, on ne peut pas attendre cinq années ou plus pour voir son livre édité. Les NEAS ont retenu un de mes romans pour la publication depuis mars 2003 et jusqu’ici, je n’ai même pas reçu le BAT (bon à tirer) Ce même roman, « Fête des arts », était aussi sélectionné par la Direction du Livre et de la Lecture qui devait subventionner sa publication. Pendant plus de trois ans, j’ai remué ciel et terre, j’ai dépensé une fortune à passer des coups de fils… Rien. C’est décourageant. Parfois, je me dis que je dois annuler le contrat et déposer mon ouvrage ailleurs… J’entends souvent les responsables politiques parler d’aide à l’Edition, de promotion du livre et autres, mais franchement il y a un gros problème quelque part…
Donc là, j’ai publié à Paris, et c’est mon éditeur qui s’occupe de la distribution. En France, on trouve mes bouquins dans les FNACs et dans certaines librairies. On peut aussi les acheter via internet. Au Sénégal, la librairie 4 Vents en avait commandé une poignée, mais depuis que le stock est épuisé, il me semble qu’aucune commande n’a été passée, ce qui fait que les gens sont obligés de demander à leurs amis et parents en France de leur envoyer les ouvrages par la poste.
Vos projets littéraires ?
J’ai deux pièces de théâtre qui doivent sortir dans quelques semaines, inch’Allah, et deux romans retenus pour la publication. Plus quelques textes à finir ou à revoir.
Quel regard portez-vous sur la littéraire sénégalaise ?
Notre littérature est riche. Nous avons toujours eu des auteurs talentueux. Et il y a de plus en plus de femmes qui y ajoutent un plus. Seulement ce n’est pas toujours facile de trouver les livres des nouveaux auteurs, surtout quand on est à l’extérieur.
Vous êtes un architecte avant d’être écrivain. Quelle étiquette préférez-vous porter ?
Je suis diplômé de l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris, mais il m’arrive rarement de dire que je suis architecte. Les arts ont toujours été ma passion. Selon les endroits et les circonstances, on me qualifie de peintre, de conteur, d’acteur de théâtre, de poète et parfois d’écrivain. A Paris, un ami poète m’avait surnommé « artiste polyvalent ». Mais si Dieu m’accorde une longue vie, je compte un jour reprendre l’architecture…
Vous avez passé la moitié de votre vie en Europe et on voit que cet attachement viscéral au Baol natal. Êtes-vous nostalgique de ce royaume d’enfance ?
Le Baol de mon enfance est toujours dans mon cœur. Du Sénégal, je ne connais pratiquement que le Baol. Je n’ai fait que neuf mois à Dakar, une année scolaire, avant d’aller poursuivre, adolescent, mes études en Angleterre puis en France. Mes rêves et mes souvenirs me ramènent sans cesse au Baol. Cette nostalgie se retrouve aussi bien dans mes textes que dans ma peinture.
Vous êtes également un observateur de la scène politique, culturelle et médiatique. Vos régulières contributions dans la presse quotidienne en témoignent. Est-ce une façon pour vous de rester attaché à la mère-patrie ?
Je suis très attaché à la mère-patrie, comme vous dîtes, dont je lis les journaux et écoute les radios, tous les jours. Tout ce qui s’y passe me concerne et me touche. Et de temps en temps, j’écris une petite contribution pour donner mon point de vue. « Bokk-bokk lu. » Ha ! Ha ! Ha !
PAR IBRAHIMA KHALILOULLAH NDIAYE (25-05-2006)
Avec Le Parricide et les Nouvelles fantastiques sénégalaises, deux œuvres parues en 2005 chez l’Harmattan, Bathie Ngoye Thiam, architecte de formation, a fait son entrée dans le cénacle de la littérature sénégalaise. Dans cet entretien, ce Sénégalais de la diaspora, attaché à la terre natale, revient sur ses Nouvelles fantastiques sénégalaises ainsi que sur sa carrière artistique et ses projets..
Vous avez signé une œuvre intitulée « Nouvelles fantastiques sénégalaises » aux éditions L’Harmattan. En quoi vos histoires sont-elles fantastiques ?
(Rire) Ceux qui les ont lues me disent qu’elles sont fantastiques. Peut-il en être autrement pour des histoires de « deumes », de djinns et de « rabs » ? (Rire) Par contre, ma mère qui ne sait pas lire n’a pas l’air de les apprécier. Quand elle en a entendu parler, elle m’a dit : « Comment peux-tu écrire un livre sur des « deumes » ? Personne ne fait cela. Tu peux écrire sur les problèmes de société et tout ce que tu veux, mais laisse les « deumes » tranquilles et que Dieu nous protège d’eux ! » Pour répondre sérieusement à votre question, j’avais mis comme titre « Leuk Dawour Mbaye », puis mon éditeur m’a conseillé « Nouvelles fantastiques sénégalaises ».
Avez-vous vécu une de ces histoires ?
Oui. La nouvelle « Bikira » est une histoire vraie. Les enfants de mon cousin Cheikh Bamba Dioum (Khadim) se souviendront sans doute longtemps encore de notre « ami djinn ». (Rires) Je n’en dirai pas plus… Il y a aussi « Les Moldes », un tour que m’avait joué une amie et que j’ai ainsi transformé en « nouvelle fantastique ». Les autres nouvelles sont inspirées de toutes ces effrayantes et fascinantes histoires que j’entendais quand j’étais petit.
Quels messages voulez-vous faire passer ?
Je n’ai pas la prétention de faire passer des messages. Mon écriture est surtout ludique, même si elle est triste parfois. Il m’arrive souvent de m’arrêter au milieu d’une phrase pour éclater de rire. Je joue aussi avec le lecteur, le poussant vers de fausses pistes, l’interpellant, le surprenant. En fait, je me raconte des histoires que j’ai envie de partager avec le lecteur. Je dois quand même dire que je pensais aux jeunes d’aujourd’hui à qui je voulais raconter ces histoires qui ont marqué des générations de Sénégalais. C’est une partie de notre culture qu’il faut sauvegarder, ne serait-ce que pour en rire. Je m’en suis servi aussi comme prétexte pour aborder d’autres sujets plus proches de notre quotidien.
Vous concluez votre ouvrage en en appelant presque à une meilleure considération de l’ « occultisme qui rythme encore notre mode de vie »…
Là, on serait tenté de parler de message, mais je n’ai fait que dire ce que j’en pense et poser les questions que cela suscite. Libre à chacun d’interpréter comme il veut.
Avec beaucoup d’humour, vous assénez qu’« avec nos rabs, deumes et autres, le Sénégal pourrait devenir une super puissance » et allez même jusqu’à proposer un ministère de la Sorcellerie. Pourtant vous dites avoir chercher à rencontrer en vain l’une de ces créatures. N’est-ce pas illusoire ?
Cette conclusion est une contribution que j’avais écrite en octobre 2003 et publiée dans « Le Soleil » et « Wal Fadjri ». Je me demandais : « Si tout cela existe, pourquoi ne pas nous en servir pour développer notre pays ? » Nous avons un nombre hallucinant de ministères qui ne nous aident pas à décoller. Pourquoi ne pas en rajouter celui de la Sorcellerie ? Un de plus ou de moins, vous savez… Non, je rigole. Mais quand on voit tout l’argent que les sportifs, lutteurs et footballeurs en particulier, dépensent pour des « Khondiomes », on peut douter du pouvoir des féticheurs car on n’a pas encore vu la coupe du monde de foot au Sénégal. Et je suis persuadé que si le féticheur lui-même se bardait de tous ses grigris pour défier Yékini, sa défaite serait plus probable que sa victoire.
Vous rapportez des histoires qui révèlent des aspects de certaines traditions sociales tel que le système de castes. Assimilez-vous ce système à une bombe à retardement ou serait-ce un héritage à préserver ?
Je ne le vois sûrement pas comme un héritage à conserver, mais je ne crois pas que ce soit une bombe à retardement vu qu’il est condamné à disparaître avec le temps. Une de mes amies disait : « Les castes ne sont là que pour empêcher ceux qui s’aiment de se marier. » Dans ma nouvelle « La vraie deume », Aïda et Gora s’aiment depuis leur tendre enfance, mais les parents s’opposent au mariage parce que ces deux musulmans de même race, même pays et même ethnie ne sont pas de la même caste. Je me demande si ce n’est pas un péché. En tout cas, beaucoup de cœurs en sont meurtris, comme je l’ai écrit dans une de mes contributions : « La vraie noblesse est dans le cœur. »
Vous rendez un vibrant hommage à certains enseignants et à la noblesse du métier. Est-ce une façon de vous révolter contre l’instauration de la vacation et du volontariat et de la baisse généralisée du niveau des apprenants ?
C’est dans la nouvelle « Le village des deumes ». J’ai beaucoup d’estime et d’admiration pour les enseignants. J’en ai connu qui m’ont marqué et que je cite dans mes ouvrages. Aussi, la plupart de mes amis sont instituteurs ou l’ont été. Il y a encore de bons enseignants, mais comme je l’ai écrit quelque part, « l’enseignant qui arrive en classe en se demandant comment payer son loyer aura du mal à motiver ses élèves. » Ces temps-ci, ceux du secondaire menacent de se mettre en grève pour obtenir les mêmes indemnités de logement que certains de leurs collègues fonctionnaires qui ont le même niveau de qualification. Ils ont raison… Revaloriser le métier d’enseignant, c’est promettre un avenir radieux à la Nation.
Vous avez publié deux ouvrages. Quels sont vos ambitions littéraires ?
Oui, j’ai publié en 2005 un roman (Le Parricide) et mes « Nouvelles fantastiques sénégalaises » aux éditions l’Harmattan. Ambitions ? Euh… Je ne sais pas… Sans doute continuer à écrire… J’écris depuis mon enfance et espère le faire jusqu’à la fin de mes jours.
Quel a été l’accueil de ces deux ouvrages ?
Jusqu’ici, je n’ai eu que de bonnes réactions, mais ce n’est pas facile de faire la promotion de deux livres sortis en même temps. J’avais tout de même fait parvenir des exemplaires à un certain nombre de journaux sénégalais, mais très peu ont trouvé utile d’en parler. Pourquoi ? Je n’en sais rien. En tout cas les lecteurs semblent apprécier, et c’est l’essentiel.
Pourquoi ne les avoir pas publiés au Sénégal et par quel canal se fait la distribution ?
Sans me sentir chauvin, je tenais à publier au Sénégal car je me disais : « Comment voulons-nous que notre édition marche si nous publions tous à l’étranger ? » Mais d’un autre côté, on ne peut pas attendre cinq années ou plus pour voir son livre édité. Les NEAS ont retenu un de mes romans pour la publication depuis mars 2003 et jusqu’ici, je n’ai même pas reçu le BAT (bon à tirer) Ce même roman, « Fête des arts », était aussi sélectionné par la Direction du Livre et de la Lecture qui devait subventionner sa publication. Pendant plus de trois ans, j’ai remué ciel et terre, j’ai dépensé une fortune à passer des coups de fils… Rien. C’est décourageant. Parfois, je me dis que je dois annuler le contrat et déposer mon ouvrage ailleurs… J’entends souvent les responsables politiques parler d’aide à l’Edition, de promotion du livre et autres, mais franchement il y a un gros problème quelque part…
Donc là, j’ai publié à Paris, et c’est mon éditeur qui s’occupe de la distribution. En France, on trouve mes bouquins dans les FNACs et dans certaines librairies. On peut aussi les acheter via internet. Au Sénégal, la librairie 4 Vents en avait commandé une poignée, mais depuis que le stock est épuisé, il me semble qu’aucune commande n’a été passée, ce qui fait que les gens sont obligés de demander à leurs amis et parents en France de leur envoyer les ouvrages par la poste.
Vos projets littéraires ?
J’ai deux pièces de théâtre qui doivent sortir dans quelques semaines, inch’Allah, et deux romans retenus pour la publication. Plus quelques textes à finir ou à revoir.
Quel regard portez-vous sur la littéraire sénégalaise ?
Notre littérature est riche. Nous avons toujours eu des auteurs talentueux. Et il y a de plus en plus de femmes qui y ajoutent un plus. Seulement ce n’est pas toujours facile de trouver les livres des nouveaux auteurs, surtout quand on est à l’extérieur.
Vous êtes un architecte avant d’être écrivain. Quelle étiquette préférez-vous porter ?
Je suis diplômé de l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris, mais il m’arrive rarement de dire que je suis architecte. Les arts ont toujours été ma passion. Selon les endroits et les circonstances, on me qualifie de peintre, de conteur, d’acteur de théâtre, de poète et parfois d’écrivain. A Paris, un ami poète m’avait surnommé « artiste polyvalent ». Mais si Dieu m’accorde une longue vie, je compte un jour reprendre l’architecture…
Vous avez passé la moitié de votre vie en Europe et on voit que cet attachement viscéral au Baol natal. Êtes-vous nostalgique de ce royaume d’enfance ?
Le Baol de mon enfance est toujours dans mon cœur. Du Sénégal, je ne connais pratiquement que le Baol. Je n’ai fait que neuf mois à Dakar, une année scolaire, avant d’aller poursuivre, adolescent, mes études en Angleterre puis en France. Mes rêves et mes souvenirs me ramènent sans cesse au Baol. Cette nostalgie se retrouve aussi bien dans mes textes que dans ma peinture.
Vous êtes également un observateur de la scène politique, culturelle et médiatique. Vos régulières contributions dans la presse quotidienne en témoignent. Est-ce une façon pour vous de rester attaché à la mère-patrie ?
Je suis très attaché à la mère-patrie, comme vous dîtes, dont je lis les journaux et écoute les radios, tous les jours. Tout ce qui s’y passe me concerne et me touche. Et de temps en temps, j’écris une petite contribution pour donner mon point de vue. « Bokk-bokk lu. » Ha ! Ha ! Ha !
PAR IBRAHIMA KHALILOULLAH NDIAYE (25-05-2006)