(25-02-2005)
Ceci n’est point un discours raciste, mais une constatation.
Quand on dit que les Africains ne sont pas mûrs pour la démocratie
– ce qu’il est difficile de démentir vu tout ce qui se
passe sur le continent où même les démocrates deviennent
des monarques dès qu’ils goûtent au pouvoir-, on peut rajouter
que les Européens ne sont pas mûrs pour l’égalité
des races, malgré leur charte des droits de l’homme et tout le
tralala.
Je ne sais pas si c’est dû à l’esclavage et la colonisation,
mais les Noirs n’ont apparemment aucun problème à être
dirigés par des Blancs. Qu’en est-il pour les Blancs ?
Si je me pose cette question, c’est que vu l’état de santé
du pape Jean-Paul II qui tient malgré tout à accomplir jusqu’au
bout « la mission que Jésus lui a confiée », on
pense déjà à son successeur. Certains rêveurs se
demandent : « Pourquoi pas un Noir ? » Si j’étais
un peu plus pessimiste, j’aurais répondu : « Un pape noir
sera élu quand les poules auront des dents. »
Il y a certes beaucoup de Noirs catholiques à travers le monde, fervents
pour la plupart, et des cardinaux tout à fait capables de devenir papes,
mais qui ont un « péché » dont ils ne peuvent se
purifier : la couleur de leur peau. Même ceux qui « ne sont pas
racistes » auraient du mal à accepter un pape noir. C’est
la triste réalité.
J’ai eu à travailler dans des villages paumés de la France.
On disait en parlant de moi – paroles qui me furent rapportées
: « Ils ont envoyé un étranger pour résoudre nos
problèmes. » Ou encore : « Un Noir architecte, ça
ne fait pas sérieux. » Que diraient-ils donc d’un pape
noir ? Pourtant ils étaient gentils et tout, mais un Noir « savant
» dans leur cambrousse… Ils ne devaient voir que des images de
Noirs cannibales, s’entretuant ou mourant de famine et de maladies contagieuses.
Ils ont un long chemin à parcourir pour accéder à la
civilisation de l’universel.
Force est de reconnaître qu’une bonne couche de la population
occidentale n’est pas prête à voir des Noirs occuper certains
postes.
Je ne connais en Europe aucun parti politique dont le chef est Noir et pourtant
ce ne sont pas des Noirs européens qui manquent. Et qu’on ne
me dise pas que c’est parce que la politique ne les intéresse
pas. Y voit-on des ministres noirs ? Je crois fermement qu’un Jean Colin
noir en France, ce n’est pas demain la veille. On n’y peut rien
pour l’instant, c’est ancré dans les mentalités.
Et croyez-moi ce n’est pas qu’en France qu’on trouve cette
mentalité féodale. Le Prince Charles d’Angleterre, divorcé,
vient d’épouser une femme divorcée elle aussi. Rien que
cela fait grincer quelques dents dans le Royaume Uni. Imaginez donc ce qui
se serait passé si c’était une négresse. En Hollande,
Willem Alexandre, le Prince héritier, a un enfant avec Maxima, sa femme
d’origine argentine qui ne parlait même pas néerlandais
quand il l’épousait. Ce qui n’est pas une première
dans ce pays car son père était allemand d’origine.
Maxima est adulée par le peuple. Mais est-ce que la population aurait
accepté que le futur roi ou la future reine épouse quelqu’un
de race noire, même si elle ou il est né et a grandi en Hollande
? Je ne le crois pas. Ayant posé la question au pays de Rembrandt et
Van Gogh, j’ai obtenu des éclats de rire, des réponses
sincères ou frisant l’hypocrisie du style « Mais oui, pourquoi
pas ? Tant qu’ils s’aiment…» ou alors des absurdités
telles que : « Nous ne sommes pas en Afrique ici » ou «
La royauté est un symbole … », oubliant que le mari de
la reine était Allemand et l’épouse du futur roi, Argentine…
mais de race blanche.
En Afrique noire, c’est fréquent que la première dame
d’un pays soit blanche. Je ne cherche pas de polémique, c’est
juste un constat. Mais voyez-vous Bush, Blair, Chirac, etc, parcourir le monde
avec une négresse ? Si Chirac avait une femme noire, tout me laisse
croire que Le Pen n’aurait même pas besoin de faire campagne pour
gagner les élections. Dans certaines mentalités, le Noir a toujours
été en dessous pour ne pas dire un être inférieur,
donc c’est impensable de vouloir du jour au lendemain, le hisser au-dessus
des autres. Il n’y a malheureusement pas que le bas peuple européen
qui pense ainsi. Gérard de Villiers, le célèbre auteur
des romans d’espionnage SAS dont certains Africains raffolons tant,
a dit et redit, sans honte ni remords : « Je me sens plus proche d’un
Blanc stupide que d’un Noir intelligent. »
Pourtant les Blancs sont les moins racistes envers les Noirs. Regardez les
couples mixtes. C’est généralement Noir-Blanche ou Blanc-Noire,
parfois Noire-autre race et presque jamais Noir-autre race.
Et ne parlons pas de certains pays d’Asie où les Noirs sont considérés
comme des diables. Comme un diable peut-il être le Saint-Père
?
Il y a, je ne sais plus combien d’années de cela, à New
York, un Noir qui s’était fait tabassé parce qu’il
s’était déguisé en père Noël, fonction
qui, pour certains, n’est réservée qu’aux Blancs.
Comprenons-nous bien cependant, je ne dis pas que l’Eglise est raciste,
mais il se trouve que certaines mentalités ne sont pas encore assez
mûres pour accepter un Noir comme représentant du « fils
de Dieu » sur terre.
Le pouvoir d’un pape est, entre autres, dans la vénération,
l’adoration poussée que les fidèles lui vouent. Elire
un pape noir risquerait de faire perdre à l’Eglise beaucoup d’adeptes
des autres races. C’est dur à dire, mais en serait-il autrement
?
Signalons au passage que bon nombre de Maghrébins disent « Afrique
» en parlant de la partie occupée par les Noirs. Il n’est
pas rare d’entendre un Marocain, par exemple, dire en rentrant dans
son pays : « J’étais en Afrique… »
Toutefois nous ne devons ni baisser les bras ni perdre espoir, « Les
temps changent », comme disait Bob Dylan. Maintenant, les Noirs ne sont
plus obligés d’être sportifs ou musiciens pour réussir
dans la vie. Il y a en Europe des maires noirs, des Noirs présentateurs
à la télé, et que sais-je encore. Réjouissons-nous
du respect et de l’admiration que suscite la personne de Mandela, de
Koffi Annan à la tête de l’O.N.U., du pasteur Jesse Jackson
qui fut candidat à l’élection présidentielle américaine
et, cerise sur le gâteau, Mr. Powell et mademoiselle Rice. (Reconnaissons
au passage que Bush a au moins une qualité : il n’est pas raciste
et il l’a admirablement prouvé. 20 sur 20.)
Mais les Noirs d’Amérique, tout comme ceux d’Afrique du
Sud ont lutté pour en arriver là. Bob Marley l’a chanté
: « Don’t give up the fight ! » Et nous aurons un pape noir
avant que les poules n’aient des dents, et peut-être même
un Noir, Président des U.S.A.
Bathie Ngoye Thiam.