(Wal Fadjri, 14 juin et 07 août 2004)
Un président démocratiquement élu a beau être
puissant, cela n’en fait pas un roi, surtout à l’approche
des élections. Notre ami Bush vient de s’en rendre compte. A
cinq mois des présidentielles, le voilà avec une chute sans
précédent dans les sondages. 65% de ses concitoyens pensent
que les Etats-Unis ne sont pas sur le bon chemin. Le peuple américain
en a surtout marre de voir ses enfants tomber sous les balles et les bombes
des Irakiens qu’on prétend libérer. Celui qui comptait
sur la conquête du pétrole pour relancer l’économie
américaine et gagner les élections, est pris dans son propre
piège. Il ne peut pas dire qu’il a attaqué l’Afghanistan
et l’Irak pour l’or noir et les arguments qu’il fournit
ne peuvent pas convaincre son peuple. Pourtant, il lui faut garder mainmise
sur l’Irak et ses richesses. Que faire ? Il se tourne vers l’ONU
qui avait bien joué son jeu en Afghanistan. On l’a vu ces derniers
temps multiplier ses voyages et changer de discours dans l’espoir de
montrer au peuple américain qu’il a tous les dirigeants européens
avec lui et même le président du Sénégal.
La soi-disant guerre contre le terrorisme, n’est, et cela saute aux
yeux, qu’un moyen de mettre la main sur le pétrole. Les attentats
du 11 septembre lui ont permis de réaliser des projets de longue date.
Le Réseau Voltaire.net révèle: « La conseillère
à la sécurité nationale états-unienne, Condoleezza
Rice, a été interrogée par les membres de la commission
« indépendante » chargée de l'enquête sur
le 11 septembre. Elle a témoigné sous serment qu'une semaine
avant les attentats, l'équipe du président Bush avait donné
son accord à un plan de lutte contre le « terrorisme »
visant l'Afghanistan. » Un diplomate pakistanais du nom de Naiz Naik
aurait, avant elle, déclaré que l’attaque de l’Afghanistan
était planifiée avant le 11 septembre. Et pourquoi ? Parce que
les Talibans s’étaient opposés au tracé du pipeline
d'UNOCAL à la mi-juillet 2001. C’était donc une guerre
pour le pétrole. Et Bush eut l’aval de l’ONU en parlant
de « légitime défense » alors que jusqu’ici,
on n’a aucune preuve de l’implication des Talibans dans les attentats.
Capturer Ben Laden dont on ne parle même plus, n’était
pas son but, mais il se servit de l’ONU pour réaliser son dessein.
Bombarder des innocents, renverser un pouvoir et mettre une marionnette en
place pour faire passer son pipeline. Depuis, on a oublié le peuple
afghan qui, bien que « libéré », souffre aujourd’hui
autant qu’hier, sinon plus.
Maintenant, il se sert encore de l’ONU pour exécuter le même
boulot en Irak qu’il avait envahi de manière unilatérale,
malgré l’opposition des Nations Unies et des peuples du monde
entier à quelques exceptions près. Bush et les siens savaient
bien que Saddam ne représentait aucun danger pour l’Amérique,
n’avait aucun lien avec Ben Laden et ne possédait pas des armes
de destruction massive. Pourtant ils devaient coûte que coûte
s’emparer de l’Irak. C’est la raison pour laquelle ils n’ont
pas laissé les inspecteurs en désarment terminer leur travail.
Et pourquoi ? Le pétrole.
Ibn Séoud, roi d’Arabie saoudite, premier producteur mondial
de pétrole, et Franklin D. Roosevelt avaient signé, en 1945,
un accord donnant aux USA le monopole du pétrole pendant cinquante
ans. Le roi Fadh qui a laissé cet accord continuer est très
malade actuellement, et ses fils, le prince héritier, tout comme son
frère, ne veulent plus d’un tel accord. A la mort du roi, il
faudra revoir le contrat. Il urge donc pour Washington de trouver une autre
vache laitière. L’Irak étant le second pays producteur
de pétrole et Saddam Hussein n’étant pas du genre à
signer un contrat pareil, il fallait donc prendre son pétrole par la
force. Qui fournit d’autres explications se voile la face ou est à
côté de la plaque. Une fois le pays bombardé et occupé,
Bush ne parle plus d’armes de destruction massive, mais de « libération
du peuple irakien ». Or quand les musées, les hôpitaux
et que sais-je encore, étaient pillés, les Américains
n’avaient protégé que le ministère du Pétrole.
Même des soldats « libérateurs » volaient de valeureux
objets d’art. On s’en souvient encore. Et pendant que ce peuple
qu’ils prétendaient secourir vivait sans électricité,
sans eau potable, sans médicaments, etc., ils s’empressaient
de remettre les puits de pétrole en marche. Il est évident que
le souci de Bush n’est pas le bien-être de la population irakienne,
mais le contrôle du pétrole. Ne voulant pas se laisser faire,
ce vaillant peuple prit les armes pour se débarrasser de l’envahisseur.
Bush déclarait alors que les Etats-Unis demeureraient en Irak jusqu'à
ce que le pays soit libre et démocratique, tout en suggérant
l'envoi de nouveaux soldats « afin d'empêcher les forces ennemies
de détruire le nouveau gouvernement irakien. » Il disait : «
Les terroristes et les loyalistes de Saddam préféreraient voir
de nombreux Irakiens mourir plutôt que de les voir vivre en liberté,
mais les terroristes ne vont pas déterminer l'avenir de l'Irak. »
Quelle démagogie ! Mais devant la farouche résistance de ce
peuple qu’il croyait facilement dompter et les réactions que
cela a suscitées parmi ses électeurs, il tient aujourd’hui
un autre langage, reconnaissant que tous les Irakiens ne sont pas des terroristes
et que lui non plus ne voudrait pas que son pays soit occupé. Il ne
restait donc plus qu’une solution : mettre des marionnettes irakiennes
au pouvoir, et maintenir le contrôle du pétrole. Il fallait des
hommes dociles. Le peuple n’étant pas dupe, zigouilla le premier
qu’on lui imposa. Le second est sous haute protection. Les élections
approchent ! Vite, au secours ! L’ONU qu’on avait traitée
comme moins que rien, est alors courtisée. Il faut que d’autres
pays envoient des soldats pour mater la résistance, mais sous la direction
des Etats-Unis. La proie abattue, c’est au lion de prendre d’abord
sa part. « Mais, non ! Tu délires, Bathie. Bush ne veut que la
formation d'un gouvernement intérimaire irakien souverain qui prendra
ses fonctions d'ici le 30 juin 2004. Une souveraineté totale sera rendue
aux Irakiens. Mais il leur faut d’abord apprendre certaines valeurs.
Les droits de l'homme, la dignité humaine et l'application de la loi,
de la liberté et de la justice et surtout la démocratie. »
Mon oeil ! Washington ne fera que placer son candidat, comme d’habitude.
Seulement, il faudra d’abord le présenter comme un anti-américain
pour qu’il soit accepté par le peuple rebelle. Et il «
gouvernera » son pays avec des centaines de milliers de soldats étrangers
sous commandement américain. Franchement, où va ce monde ?
Chirac, le voyant venir avait dit que le futur gouvernement irakien doit avoir
une « souveraineté entière dans tous les domaines, politique,
économique, sécuritaire, judiciaire, diplomatique, et qu'il
aura notamment le contrôle des ressources naturelles de l'Irak. »
Quoi de plus normal ? Lui, il sait, comme tout le monde, je suppose, pourquoi
l’Irak est envahi et occupé. Mais il ne veut plus de démêlés
avec le puissant Bush.
La France, l’Allemagne, la Russie, la Chine, tous ces pays sur lesquels
on comptait, ont fini par courber l’échine devant l’Amérique
et accepter l’injustice en la présentant comme un bienfait. A
se demander à quoi sert L’ONU. Le projet de résolution
sur le « transfert de souveraineté en Irak » présenté
par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne a été adopté
à l'unanimité par le conseil de sécurité des Nations
Unies.
Maintenant, Bush est aux anges. Il pourra dire à son peuple, à
demi-mots : « Ce ne sont plus vos enfants qui vont mourir en Irak, mais
ceux des autres, et le pétrole, dont notre pays est le premier consommateur
mondial, restera pour nous. Une force multinationale sous commandement américain
sera sur place. »
Quand Hitler envahissait et occupait des pays, d’autres puissances réagissaient.
Maintenant, quand l’Amérique et par extension Israël, le
font, tout le monde ferme les yeux ou les soutient.
Il ne nous reste plus qu’à espérer le retour des Saaba
de Badr pour rétablir l’ordre sur terre. En attendant, prions.
Seigneur, faîtes que les militaires sénégalais n’aillent
pas mourir en Irak pour que Bush accapare le pétrole. Amen.
Bathie Ngoye Thiam.