(Wal Fadjri, 29 janvier 2004)
« Grâce à l'autorité et à la détermination
américaine, le monde est en train de changer en mieux », dit
l’homme le plus puissant du globe. Mais la terre est trop petite pour
le Seigneur Bush. Maintenant, il veut squatter la lune et, de là-bas,
envahir Mars et consorts. Pour les hommes verts de la planète rouge,
il urge donc de vérifier s’ils ne se trouvent pas dans «
l’axe du mal ».
Nabuchodonosor II, Alexandre Le Grand, Napoléon, Hitler, aucun des
grands conquérants ne saurait rivaliser avec Notre Roi, le roi de tous
les peuples de la terre et de leurs souverains. Qui chantait ça encore
?
La conquête de l’espace est certes une tradition américaine,
mais les Bush mériteraient des prix d’honneur. Le père
avait le même rêve. Seulement il demandait 400.000.000.000 de
dollars ( Je n’arrive pas à compter tous les zéros pour
faire la conversion en francs CFA) au Sénat, raison pour laquelle le
projet ne vit jamais le jour. Le fils, lui, demande une somme bien plus modeste,
seulement 100.000.000.000 de dollars à ce qu’il paraît,
pour faire rêver ses compatriotes. Pendant ce temps, les rêveurs
de mon espèce, terre à terre comme tout, se disent que cet argent
flambé dans l’espace, parfois avec les corps de quelques astronautes
cobayes, pourrait servir aux recherches sur les cancers, le sida et d’autres
fléaux dont souffre l’humanité ou à des besoins
primaires comme manger, boire, dormir. Et n’oublions pas que l’Amérique
aussi est victime du chômage. 2,3 millions d'emplois ont été
perdus depuis la prise de fonctions de George W. Bush, sans parler du déficit
budgétaire estimé à 500 milliards de dollars, cette année...
(En 1992, le père Bush avait perdu les élections à cause
de ses mauvaises performances économiques, pourtant, il avait lui aussi,
versé du sang irakien.) Bush-fils n'a pas encore convaincu les électeurs
sur l'économie, mais il compte les faire rêver.
A ceux lui disent que « L'administration a dépensé 155
milliards de dollars pour une guerre inutile », il répond que
« L’adversité a réveillé les atouts fondamentaux
de l’économie américaine. » (Signalons au passage
que le Pentagone dépense environ 5 milliards de dollars par mois pour
mener ses « opérations » en Irak et en Afghanistan.) Si
on critique son échec à bâtir une coalition internationale
en Irak ou son unilatéralisme, il rétorque, sans le moindre
regret, dans son discours d’auto-justification devant le Congrès,
que : « L’Amérique ne demandera jamais la permission de
qui que ce soit pour se défendre. » On se rappelle qu’il
disait : « Nous devons attaquer l’Irak avant qu’il n’attaque
l’Amérique », soutenu entre autres par Donald Rumsfeld
qui déclarait : « L'absence de preuves n'est pas la preuve de
l'absence d'armes de destruction massive. »
Et Bush de préciser : « L'Amérique est à l'offensive
contre les terroristes…Notre plus grande responsabilité est la
défense du peuple américain. Vingt-huit mois ont passé
depuis le 11 septembre 2001 -plus de deux ans sans un attentat sur le sol
américain- et il est tentant de croire que le danger est derrière
nous. Cet espoir est compréhensible, réconfortant et faux.»
Et le jour où il prononçait ces mots, on avait bien pris soin
de mettre la population en alerte en insistant exagérément sur
des possibilités d’attaques aériennes pendant le discours.
Il faut bien injecter une certaine dose de peur et d’inquiétude
au peuple pour qu’il ne voie pas ce qui se passe réellement.
Un nombre effarant d’Américains croient que si l’Irak a
été attaqué, c’est parce que Saddam Hussein était
impliqué dans les attentats du 11 septembre. A l’approche des
échéances présidentielles, il ne restera plus qu’à
sortir Ben Laden de sa « cachette ».
Les Américains veulent des candidats qui les font rêver et Bush
qui semble si bien les comprendre, leur promet l’univers. Ceux qui disent
que les Noirs sont de grands enfants me font donc supposer qu’il doit
y avoir une écrasante majorité de Noirs aux U.S.A.
Un homme politique américain disait : « Le pétrole est
une chose trop importante pour être laissée aux Arabes. »
J’y rajoute que l’élection du Président de l’univers
est trop sérieuse pour être laissée aux seuls Américains.
Même les Martiens devraient voter.
Bathie Ngoye Thiam