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LES LIBERAUX SE TENDENT-ILS DES PIEGES ?

(Wal Fadjri, 22 août 2009)

La famille libérale nous a habitués à faire courir des rumeurs pour tester l’opinion avant de prendre certaines décisions.
A un moment donné, il fut question d’acheter un avion pour le président de la République. Les Sénégalais indignés trouvaient cela indécent. On n’en a plus reparlé. Pour la statue dite des Wade par les mauvaises langues, le terrain a été bien préparé avant la réalisation. Les citoyens qui ne s’y étaient pas opposés, ne ripostent que maintenant qu’il est trop tard. L’entrée de Karim dans l’arène politique fut une rumeur pendant des années, avant d’être effective. Et dire qu’Idrissa Seck nous faisait rire quand il parlait du fils biologique qui avait grandi et allait destituer le fils d’emprunt.
            Pendant quelques mois on nous a annoncé la création d’un groupe de presse par Karim Meissa pour anticiper sa propagande électorale. Journal, radio, télévision. L’opposition n’a pas réagi. Qui ne dit rien consent.
Le problème est au sein de la mouvance présidentielle où tout le monde ne veut pas se ranger docilement derrière le Prince héritier. Ils savent tous que ce garçon est incapable de diriger le Sénégal. Me Wade avait dit de son fiston, en mars 2007 : « Il est très toubab ; il n’est pas bien imprégné de la culture Sénégalaise, il ne parle pas bien wolof et il ne cerne pas tous les rouages de l’administration. » Qui dit mieux ? Même les plus farouches détracteurs du régime en place ne pourraient trouver des mots si justes. Qu’est-ce qui a changé entre 2007 et 2009 ? Rien. Pourtant le roi a fait un virage à 180 degrés et sa cour a suivi. D’aucuns y voient la main de la reine, la maman poule qui tire les ficelles. Quoi qu’il en soit, il leur faut désormais imposer Karim à tous leurs partisans, alors qu’aucun d’eux ne peut dire ce qu’est « La génération du concret » ni justifier sa raison d’être. Ils sont obligés de l’accepter et de faire avec, certains arguant que c’est un mouvement complémentaire pour renforcer le Pds. Les élections de mars 2009 ont montré le contraire.
            Karim est la paire de ciseaux, Laye Wade, l’aiguille. Le père doit inlassablement recoudre les lambeaux de son parti que son fils, impétueux dans la maladresse et les scandales, ne cesse de taillader. Comment pourra-t-il lui confectionner un manteau de chef ? Il faut d’abord rappeler tous les libéraux auprès du pape du Sopi reconnu comme seule constante et créer un « nouveau » parti, le Pdsl. Là-dessus, ils sont tous d’accord. Mais pour quoi faire ?  Et si le but était de rassembler les ouailles dans la chapelle pour ensuite les mettre sous les ordres du dauphin attitré ? Pour capturer des oiseaux, on mettait des grains de mil sous une calebasse dont le bord était posé sur un bout de bois vertical auquel était attachée une longue ficelle. Dès que les volatiles attirés par le « gain » facile commençaient à picorer, on tirait sur la ficelle et la calebasse se refermait sur eux. C’est ce qu’on appelle « këpp-tël » en wolof.
            Les rumeurs sur le groupe de presse de Karim à peine dissipées, on nous annonce la très probable création d’un journal Sopi, une radio Sopi et une télé Sopi. Est-ce juste une coïncidence ? Force est de reconnaître que ça sent le « këpp-tël ». Le Sopi ayant déjà le journal « Le Soleil », une radio et une télé (Rts), « liy raam, fu mu jëm ? » S’agit-il de créer un groupe de presse Sopi et le mettre, une fois la pilule avalée, au service du Prince qui « n’a jamais perdu de sa vie » et dont les désirs sont des ordres ? Dans ce cas, il faudrait aussi un journal Benno, une radio Benno, une télé Benno ou un groupe de presse pour chaque parti politique.
En attendant, nous nous demandons qui se soucie des besoins et désirs du peuple, ce gigantesque, indomptable et imprévisible oiseau que l’on croit déjà sous la calebasse, mais qui n’a pas dit son dernier.

Bathie Ngoye THIAM.


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